Redoutable
La mer décharge son mouvement sur mon trouble millénaire broyant de ses mains lourdes mes victoires incertaines m’effaçant dans un brouillard liquide redoutable
La mer décharge son mouvement sur mon trouble millénaire broyant de ses mains lourdes mes victoires incertaines m’effaçant dans un brouillard liquide redoutable
Partir d’ici mettre le feu au trouble qu’il ne reste rien plus rien à dire inventer la suite des choses sur des chevaux de bataille
Mille courbes dans l’espace ont le goût salé de mon enfance le zeste des pluies les ramène en porte-bonheurs sur ma peau je suis indigène octobre remue en moi la terre fugace des premiers pas ce refuge muré d’opales où tes mains attendent de me voir naître sous l’écorchure des lilas imprégnés dans ma vie…
Flancs ouverts la douleur me lèche en un déploiement d’oiseaux tout entière je me blesse pour que tu restes au monde
L’enfant prend fuite méridien planté dans l’hiver nos abîmes recouverts ta brûlure sur mon front je ne sais plus très bien nous y voilà à l’heure où rien ne règne dix fois plus grands
En mes douceurs insoupçonnées ma saison morte entrouverte j’accueille des passants, des nomades doux parfumeurs désenchantés je ne suis entre tous qu’une escale une vieille gare abandonnée Je suis l’étoile la plus fade celle qui survit les doigts sans bagues le vague à l’âme, l’amour vague je cueille la nuit des bouts d’été le coeur…
Doux pays du bout des songes ma belle saison qui vole la mer tête première je te plonge dans mes silences d’ambre clair Devenir plus que je ne suis îlot tranquille, flotteur transit trouver en cette terre mon souffle chercheur d’étoiles que la nuit souffre Tracer sur la grève familière de mes éclaboussures d’amour tout…
Le mot se fracassa contre mon crâne trouva chemin dans l’oreille et se réfugia près du cœur pour le serrer comme un mauvais souvenir peur peur de regarder la mort qu’elle m’aspire qu’elle m’entoure qu’elle me fige peur peur de ta mort qu’elle m’enlève à toi et m’asphyxie Mon existence chargée sur mon dos je…
Dans la lumière des oiseaux accrochés au ciel comme des mobiles le creux de ma main serré sur ta vie si fragile je chante des mots les seuls que je connaisse j’écris sur ta peau mes dernières caresses Ton cœur s’apaise c’est l’hiver, mon amour je ne souffle plus sur tes braises tu ne souffles…
Je suis ballerine sous ta coupe nocturne mes orages tournoient à tout prendre de nous à nous rompre suspendue au larmoiement des choses vaincue je dépose sur la pointe des gestes mes épitaphes lunaires pour mieux te voir me regarder comme ton indécence me repose