Le vrai monde

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Un court billet partagé sur Facebook par un ami (j’effectue un retour discret sur Facebook… j’essaie tant bien que mal de créer des liens dans mon nouvel environnement, comprenez-moi!) a suscité une réflexion critique de ma part au sujet du grand drame humain qui sévit dans les écoles, et j’entends cette mèche si courte, cet affolement pour un rien, ce sentiment de qui-vive généralisé et pas du tout rationnel qui fait craindre les pires atrocités lorsqu’un élève dessine un fusil ou fabrique un couteau en papier.

Voici un extrait du billet en question :

Michel apporte son couteau à l’’école, car il ira jouer avec ses copains dans la forêt après la classe. Il montre son couteau à Jean et lui dit qu’il pense se fabriquer un lance-pierres.

Réaction de 1964 :

Le directeur voit son couteau et lui demande où il l’a acheté… pour aller s’en acheter un pareil, car il l’a trouvé fantastique.

Réaction de 2010 :

L’école ferme, on appelle la police, on emmène Michel en préventive. TVA monte le cas en épingle aux informations, en direct depuis la porte de l’école. La DPJ ouvre une enquête.

Quels changements fondamentaux se sont donc opérés dans la société pour nous faire aujourd’hui percevoir les jeunes comme de réelles bombes à retardement? Qu’y a-t-il de si différent entre la société actuelle et l’époque où les baby-boomers prenaient place sur les bancs d’école? Suffit-il d’accuser Marilyn Manson et les jeux vidéo de nature violente, comme le font les Américains, question d’éviter à tout prix de nous regarder dans le miroir pour réaliser que le véritable problème se situe juste là, sous nos yeux?

La surmédiatisation des tueries dans les écoles laisse croire que celles-ci se produisent plus régulièrement de nos jours que dans les années 50, 60 ou 70. Pourtant, c’est complètement faux. Il n’y a qu’à penser à ce fatidique 1er août 1966, où un tristement célèbre Charles Whitman grimpa au sommet de la tour d’observation de l’Université du Texas et tira sur les étudiants, en tuant 16 et en blessant 31. Ou encore au massacre de Cologne en Allemagne, le 11 juin 1964, où un dénommé Walter Seifert tua 8 élèves et 2 enseignants dans une école élémentaire catholique de Volkhoven. Ou encore à Lee Arthur Hester, un adolescent de 14 ans qui viola puis poignarda à mort une enseignante d’une école élémentaire de Chicago le 20 avril 1961. Et la liste se poursuit!

Quelle est donc la source de cette paranoïa qui nous fait appréhender le pire à tout moment? Je crois que la dose de drames qu’un individu moyen absorbe quotidiennement, assis devant son téléviseur de plus en plus énorme, constitue la piste de réponse la plus probable. Nous carburons littéralement au drame, jour après jour, aux nouvelles sensationnelles au possible, aux catastrophes en tous genres, aux désastres et cataclysmes naturels, au malheur et à la tragédie. Ce que le cerveau enregistre à notre insu n’est pas de tout repos! Comment ainsi espérer vivre dans une société détendue, zen, et confiante en l’avenir, alors que le paysage routinier en est un de fin du monde?

Retournons jouer dehors, adultes agités et tourmentés que nous sommes. Le vrai monde n’a rien de si effrayant.

2 réflexions sur “Le vrai monde

  1. « La surmédiatisation des tueries dans les écoles laisse croire que celles-ci se produisent plus régulièrement de nos jours que dans les années 50, 60 ou 70. Pourtant, c’est complètement faux. »
    Il y a eu 12 tueries dans des écoles européenne depuis le début du siècle, et 8 au siècle précédent. Au Canada, on a le même nombre au XXe qu’au XXIe siècle. Aux É.U., le nombre augmente d’un par année par décennie. Comment peux-tu dire que c’est complètement faux?

    • Les médias donnent l’impression qu’il y a beaucoup, beaucoup plus de tueries ces dernières années que jamais auparavant. Merci de ta précision, mais j’essaie simplement de nuancer (bon un peu maladroitement peut-être je te l’accorde); les massacres dans les écoles ne sont pas un phénomène nouveau, la violence non plus (ce sur quoi j’insiste), et si leur surmédiatisation contribue réellement à une augmentation « d’un par année par décénnie » aux États-Unis, alors le problème est encore bien plus grave que je croyais. La télévision ne doit probablement pas être le seul facteur à considérer, mais sachant que les Américains passent leur vie devant la télé, l’impact est entier.

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