Cette semaine, comme j’en ai très rarement l’habitude, je me suis arrêtée dans un restaurant Subway sur l’heure du lunch. J’ai commandé un sous-marin de 6 pouces truffé de bons légumes, puis je me suis dirigée vers la caisse. «Vous prendrez autre chose avec votre sandwich? Des biscuits? Un chips?», m’a demandé le propriétaire de l’établissement. «Non, seulement le sandwich, merci.», ai-je répondu en tirant un billet de mon portefeuille. Et c’est alors que j’eus droit à un regard dur, semi-assassin. Assez pour que, en sortant du restaurant avec mon sandwich sous le bras, je me dise à moi-même : «Non mais franchement, si je veux juste un sandwich, c’est pas de ses affaires!»
Je suis vite redescendue de mes grands chevaux, mais la réaction du propriétaire s’était imprimée dans ma tête. Si bien que, quelques jours plus tard, pendant que je dévorais l’un après l’autre des documentaires sur les dessous de l’alimentation, YouTube, en bon conseiller, m’a proposé d’enchaîner avec ce documentaire-ci, Le monde selon Subway :
Et j’ai compris.
J’ai compris la réalité extrêmement difficile de ces franchisés, dont les faillites se succèdent discrètement, étouffées par le géant de la restauration qui lui, continue d’encaisser des sommes massives.
Des sandwichs au goût amer
Si l’envie vous prend d’ouvrir un restaurant Subway, ravisez-vous. Un si grand nombre de franchises font banqueroute que les banques refusent maintenant de financer tout projet lié à la bannière américaine. La raison d’un tel insuccès? (Car, comme moi, vous avez peine à y croire, vu la popularité du restaurant, qui a détrôné McDonald’s avec ses 44 000 succursales!) Les pratiques douteuses, malhonnêtes et sans pitié qu’imposent la maison-mère à ses milliers de franchisés.
En plus d’un contrat de 600 pages les liant à Subway, dont la plupart des clauses vous feraient sursauter, les franchisés doivent verser chaque mois à la multinationale des redevances représentant 12,5 % de leurs revenus. Une somme qui, après avoir payé leurs employés et autres dépenses nécessaires au roulement, les appauvrit lourdement. Le modèle d’affaire du géant Subway vise donc à ouvrir toujours plus de nouveaux restaurants, sans se soucier de les rendre profitables.
En d’autres mots, les franchises Subway sont des pièges trop bien ficelés pour que quiconque s’y prenne les pieds s’en sorte indemne. Mais de grâce! n’allez pas vous imaginer que d’acheter un chips, des biscuits et un breuvage en accompagnement à votre sandwich changera quoi que ce soit à la réalité de ces pauvres entrepreneurs. Luttez plutôt contre l’ignorance et répandez la vérité au sujet de cet ogre vorace du fast-food!
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Quelques faits sur Subway :
- En 2015 aux États-Unis, Subway a inauguré 911 nouvelles succursales. Ils en ont toutefois fermé 877!
- Les revenus de Subway sont en baisse de plusieurs centaines de millions par année aux USA depuis 2013. En 2015, leurs ventes se chiffraient tout de même à 1,11 milliards de dollars US (ce qui représente 10 % de leur chiffre d’affaire mondial, évalué à 11,9 milliards pour la même année).
- La maison-mère de Subway n’est pas cotée en Bourse et n’a pas l’intention de l’être.
- Il en coûte 15 000 $ US pour acheter une franchise Subway, comparativement à 45 000 $ US pour une franchise McDonald’s, ce qui leur attire continuellement de nombreux adhérents.
- Une succursale McDonald’s rapporte toutefois 60 % de plus qu’une succursale Subway.
- L’un des deux fondateurs de la chaîne de restaurants, Fred DeLuca, est décédé d’une leucémie le 14 septembre 2015, à l’âge de 67 ans. C’est sa soeur, Suzanne Greco, qui a pris la relève à la barre de l’entreprise en juin 2015.
- L’ancien porte-parole de Subway, Jared Fogle (vous savez, celui qui s’est fait connaître au début des années 2000 pour avoir (supposément!) perdu 245 livres en un an en mangeant du Subway tous les jours?), fut condamné en novembre 2015 à 15 ans de prison après avoir plaidé coupable à des accusations de pédophilie et de possession et distribution de pornographie juvénile.