Depuis le retour des Fêtes, une vidéo circule massivement sur le Web au sujet du défi que représenterait la génération Y pour les gestionnaires corporatifs. Simon Sinek, conférencier et auteur britannique, y explique pourquoi, selon lui et de nombreux « experts », les gens nés entre 1984 et le milieu des années 1990 sont complètement inadaptés à la vie en entreprise.
Je vous invite à regarder l’entrevue devenue virale.
Ce que Sinek avance est très intéressant (regardez la vidéo, vous ne serez pas déçus). Mais concernant le phénomène des cellulaires et réseaux sociaux, il a tort de l’associer exclusivement à la génération Y. J’ai assisté à des réunions où des collègues plus très jeunes avaient du mal à quitter leur téléphone des yeux. Je suis allée marcher en montagne avec des gens dans la quarantaine (et la soixantaine, même!) incapables d’apprécier le moment présent, préférant surfer sur Facebook et Instagram plutôt que d’interagir avec les êtres humains se trouvant près d’eux. Nous parlons ici d’une dépendance, et savons qu’elle touche les gens de tous âges.
Quant à la désillusion vécue en entreprise, je crois qu’elle est due en partie à un choc de la réalité du monde du travail. À l’école, on nous convainc de choisir une carrière qui nous passionne et on nous promet la lune en termes de salaire. Une fois notre diplôme en poche, nous nous rendons bien vite compte que :
- Les boulots passionnants sont un mythe.
- Les salaires actuels sont un non-sens total (en 2011, le salaire moyen des diplômés universitaires au Canada était de 43 119 $ chez les hommes et de 35 926 $ chez les femmes).
- La « gestion du cheval mort » au bureau est une plaie insupportable.
- L’incompétence est applaudie, voire même récompensée.
- L’insécurité des emplois est en constante progression.
Bref, nous avons tôt fait de réaliser que nous perdons littéralement notre temps et de précieuses années de notre vie les pieds pris dans un mécanisme qui broie notre estime personnelle et notre joie de vivre. Sans compter que nous sommes, pour beaucoup, pris à la gorge financièrement et que nous peinons à joindre les deux bouts!
Alors que ceux qui souhaitent blâmer une génération entière de la faillite humaine acceptent de marcher quelques instants dans nos souliers. Le monde a changé radicalement depuis l’époque de nos parents baby-boomers, qui glissent aujourd’hui doucement vers une retraite dorée (pour la plupart). Sachez que nous ne disposons pas et ne disposerons jamais des mêmes conditions de vie; sachez que de se présenter au boulot chaque matin en n’entrevoyant pas la lumière au bout du tunnel contribue largement à nous démotiver; sachez que ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de nous faire prendre par la main comme des enfants, mais d’avoir aussi droit à notre part du gâteau.