Sport et performance : savoir quand s’arrêter

Sport et performance

Samedi matin, 8 heures. Une vague connaissance rencontrée lors d’une précédente sortie en montagne me rejoint à la station-service près d’où j’habite. Je grimpe dans sa voiture et nous nous dirigeons ensemble vers Sooke, petite ville côtière située au sud-ouest de Victoria. Durant le trajet qui devait durer 45 minutes, puis au courant de notre journée de randonnée pédestre, j’apprends à mieux connaître Rita, une native de l’Île à la soixantaine bien sonnée.

À son contact, je réalise une fois de plus à quel point l’activité physique et les performances sportives constituent une réelle dépendance pour certains. Nous venions à peine de terminer un parcours en forêt de 15 km qui m’avait laissé les pieds et les genoux endoloris que la dame planifiait sa prochaine activité sportive. « Je vais enfourcher mon vélo dès que j’arrive à la maison. » Considérant que 2 jours auparavant, elle avait participé à une expédition de raquettes de 20 km et que le lendemain, elle partagerait fièrement avoir couru 10 km à 6 heures du matin, j’en conclus qu’elle était une junkie, complètement intoxiquée à l’entraînement.

Je sais que parfois, le fait de pousser les limites de son corps dans le but de performer mieux, et plus longtemps, est franchement grisant et satisfaisant. Toutefois, je demeure consciente que la zone de plaisir ne doit pas inclure à tout prix de la douleur. « No pain, no gain. », diront certains accros. Vraiment? Car je ne vois pas de différence entre le plaisir du fouet et des chaînes et celui des douleurs musculaires brutales liées à l’entraînement. Les deux me semblent malsains, pour ne pas dire complètement déments!

No pain no gain

C’est pour cette raison que je n’ai jamais aimé les sports de haut niveau. Le surentraînement et les blessures y sont monnaie courante et je ne saisis pas ce qu’autant de dommages physiques peuvent avoir d’héroïque. Lorsque je regarde les cyclistes du Tour de France, ces athlètes au corps vieilli prématurément, battu à coups de drogues et d’exploits physiques répétés, j’apprécie infiniment mes balades à vélo sans grand déploiement. Lorsque j’apprends qu’un explorateur tel qu’Henry Worsley est décédé lors de sa traversée de l’Antarctique, ayant poussé son corps à bout après un périple de 71 jours sur une distance longue de plus de 1 400 km, je me dis que c’est bien, finalement, de n’avoir rien à prouver.

Nous avons la fâcheuse habitude de regarder de haut les « vrais » toxicomanes, les alcooliques, les dépendants du jeu, de la porno et des autres sources de plaisir que la religion a jugées (et juge encore) honteuses et coupables. Le sport, associé quant à lui à la santé, ne peut que gratifier celui qui le pratique et servir d’inspiration! Pas vrai? Pourtant, une dépendance en vaut bel et bien une autre, et si une activité est pratiquée dans le non-respect de son corps, à son propre détriment, c’est que l’on a franchi – ou outrepassé depuis longtemps – les limites de la raison.

***

À ceux qui ne l’auraient pas déjà visionné, je suggère le film américain Thanks For Sharing, qui traite avec humour et discernement des différents types de dépendances et de la nature humaine profonde.

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